lundi 27 juin 2022

Résoudre les problèmes sanitaires dans les tunnels

Samedi 24 juin, nous étions environ 25 jardiniers, accueillis à la FERME DE ROC’H GLAS à LA ROCHE MAURICE chez Manue et Nolwen, producteurs de légumes bio à la Roche Maurice. Le couple passionné par leur travail et la biodiversité – et du coup, passionnant - a partagé avec enthousiasme une partie de leurs connaissances sur leur métier et la biodiversité en général.

N’hésitez pas à vous rendre à leur étal aux marchés suivants afin de trouver des produits bio frais vendus directement de leur ferme, ainsi que du Pépin et la Plume bien connu du Café Jardin, une ferme de Taulé et une de Plouénan sous le nom de DOUAR BEV, au consommateur :  Saint Marc (mardi matin),  Kerinou (marché bio, mardi après-midi et samedi matin), Landerneau (vendredi matin), Quimper Kerfeunteun (marché bio, vendredi après midi) et sur place le vendredi de 16 à 19 heures.

Le thème était « RESOUDRE LES PROBLEMES SANITAIRES DE SON TUNNEL »

Pour éviter d’avoir
à résoudre les problèmes ils cultivent dans un environnement dans lequel la biodiversité est leur première amie.

L’environnement a une énorme importance pour les cultures : l’exploitation bio depuis 30 ans, n’a pas subi de remembrement, compte 10 ha, en parcelles groupées collées, entourées de feuillus : chênes, noisetiers, châtaigniers dans une commune très boisée. Elle est connectée à des espaces sauvages naturels, la vallée du Morbic à 100 m. Les talus comptent 6 m de large où les arbres, les arbustes, les fougères, orties et ronces, et l’herbe qui sont des gîtes différents, accueillent des espèces différentes. C’est une bonne connexion pour la diversité, la trame verte dans laquelle les animaux sauvages, les insectes peuvent se déplacer en toute liberté, se nourrir : lapin,  lièvre, rongeurs, oiseaux, chevreuil, renard qui mange plus de 300 rongeurs par an (leur population est en chute), chouette chevêche et effraie, rapaces diurnes, nocturnes, buse, couleuvre, vipère, salamandres, tritons, crapauds, hérissons…

Tout ceci empêche les fortes attaques de pucerons parce qu’il y a beaucoup de prédateurs de pucerons. Les dégâts sont minimes des pucerons grâce à l’équilibre entre les ravageurs et leurs prédateur.

Leurs serres s’étalant sur 1 hectare, débutées en 2012 se trouvent dans ce milieu propice. L’idéal est de les couvrir plastique anti UV qui minimise les brûlures sur les feuilles pendant au moins 5 ans, on peut travailler torse nu sous la serre on n’attrape pas de coup de soleil. Il va être temps de rebâcher certaines.

Les précautions importantes :

La ventilation : Ils gèrent le climat de leur serre, les mouvements d’air en faisant des échanges thermiques, de façon mécanique. C’est très important, surtout quand les plants viennent d’être plantés. Afin de sécher les plants : ferme la serre le soir vers 17 h en fonction de la saison, et le matin vers 8 h ouvre pour faire des
courants d’air même quand il ne fait pas beau ouvre même l’hiver. Ce qui permet d’éviter le mildiou, l’oïdium, le botritis. Sauf cas exceptionnel quand il a fait très très chaud.

L’implantation – densité : on a tendance à trop serrer, il faut permettre aux plantes de se ventiler : légumes fruits, 1 plant de tomate, d’aubergine, de courgette  = 1 m2 sauf pour les poivrons, 1 plant de poivron = minimum 0,60 m2 pour qu’ils puissent s’aérer et puiser les nutriments dans la terre.

Arrosage : du 31 mars au 1er octobre : arrosage automatique au goutte à goutte par tuyaux microperforés. 2 ou 3 arrosages par semaine si chaud, en 1 à 2 h en fonction du sol en gardant le même rythme. Vérifier l’humidité du sol à 20 cm, la terre doit accrocher aux doigts, ne pas faire de billes d’argile, dans ce cas on arrose trop.

A partir du 14 juillet, arrose 1 fois par semaine surtout pour garder le sol humide pour les prochaines cultures, et ne pas avoir un sol complètement sec quand on arrache les plants de tomate en novembre, avoir plus décomposeurs dans le sol.

L’amendement : utilisation du fumier de bovin : 40 tonnes par an, ne le stocke pas n’importe où. Attention aux écoulements du jus dans les fossés qui vont à la rivière. Il est étalé en frais une semaine avant plantation pour les tomates. Et composté pour les concombres.


Traitements préventifs :

Mildiou : En période d’averses et de soleil, le mildiou est à craindre. Les plants de tomate sont fragiles à cette époque-ci parce qu’ils portent des fruits tout en continuant à pousser.

La bouillie bordelaise n’est pas utilisée : l’utilisation du cuivre comporte trop d’inconvénients.

Le lithotame, produit calcaire est utilisé en saupoudrage, valable pour une semaine.

Il est moins efficace contre le botritis qui ressemble à de la poudre grise. Pour l’éviter il faut être méticuleux dans la taille. Il se développe dans des longues périodes humides. Les plants sont travaillés quand la météo est propice, quand ils sont secs, les plaies sèchent vite.

Attention ! Un plan de tomate ne pousse plus à 13°, il ne répond pas aux attaques, le sol consomme ses racines quand il arrête de pousser. Alors qu’il repousse les attaques du sol quand il pousse. Si carence en potasse, le plant arrête de pousser également.

Les feuilles du bas sont enlevées quand elles commencent à se fatiguer et changent de couleur

Puceron : Attirer les coccinelles le plus tôt possible dans les serres, surtout les grosses larves, ne pas trop tondre la pelouse, les alentours des serres ne sont pas débroussaillés pour garder la biodiversité. Le fenouil, l'aneth, les graminées, le laiteron qui attire les pucerons noirs et le rumex attirent les coccinelles. Les coccinelles sont déplacées dans l’exploitation en fonction des besoins.

Un conseil : avoir des pelouses fleuries afin d’attirer les coccinelles.

Le macrodofus, petite punaise d’origine méditéranéenne qui a besoin de 13° pour se développer, a été utilisée pour manger les pucerons certaines années quand il n’a pas assez de larves de coccinelles.

Les micro-guêpes, les pince-oreilles en mangent mais moins.

Traitements curatifs :

Le mildiou, à moins de 18°, ne peut pas se développer, à plus de 24° il commence à brûler. Dans le cas d’attaques, la serre est fermée en pleine journée quand il fait beau afin que la chaleur monte, peut aller jusqu’à 35° ou 36°, la chaleur brûle le mildiou. Ensuite on a 1 semaine ou 2 pour retailler les parties malades des plants.

Pucerons : Si un plant est trop attaqué par les pucerons, on l’arrache et l’envoie loin. On traite autour de ce plan avec du savon noir dilué à 5% dans de l’eau seulement et plusieurs bassinages (faire comme de la grosse pluie pour que ça coule) sur les 48 h parce qu’on ferme les pores de la plante.

Les pucerons noirs se développent plus vite que les verts, les rouges pondent tout de suite à la naissance, de 1 on se retrouve avec 100 dans l’heure qui suit et n’ont pas de température optimum.

Les fourmis élèvent et déplacent les pucerons et se nourrissent de leur miellat. On peut mettre de la terre de diatomée en petites lignes.

ATTENTION A L’EQUILIBRE DES NUTRIMENTS DANS LA TERRE :

Le fumier bovin : composé d’azote, de phosphore, de potasse et complet pour potager.

Le fumier de cheval est très riche en azote et n’apporte pas grand-chose en nutriments.

Le compost est important pour avoir de la matière organique et les colloïdes, vie bactérienne et microbienne et doit être utilisé assez jeune.

Le compost de feuilles ne pas être utilisé en trop grande quantité.

Le bois déchiqueté est à enlever quand il n’y a plus de cultures et ne doit pas être incorporé au sol (trop de carbone consomme l’azote disponible).

On peut utiliser des orties.  

On met de l’herbe tondue en plus des branches broyées.

Fougère en purin est efficace. Attention c’est très acidifiant.

La haie taillée broyée à mettre en paillage mais a très peu d’azote, ne pas incorporer à la terre. Peut être utilisée seulement en paillage

Il est conseillé de semer de la moutarde et d’autres engrais verts peu riches en lignine. Les broyer et planter dedans.

La potasse nourrit le fruit – la cendre nourrit en potasse mais c’est très lent, mettre certaines années une poignée pour 2 m2.

Le phosphore nourrit les fleurs et racines.

L’azote nourrit les feuilles.